Au moins un film inédit par jour, en dehors du circuit traditionnel des sorties en salles, pendant toute la durée du festival de Cannes. C’est l’idée qui m’est venue quelques jours avant le début du festival, alors que Twitter s’agitait sur qui serait à cannes, qui n’y serait pas, qui ne supporterait pas de lire ceux qui y sont, et qui oserait pourrir les TL avec un hashtag de soirée sponsorisée (#VillaSchweppes je te vois).
Tout a commencé au mois d’avril dernier, quand j’ai raté un voyage de presse au Futuroscope. Le parc présentait son nouveau spectacle nocturne, Lady Ô, en présence de Nolwenn Leroy ainsi que l’Aérobar, qui permet de boire un coup à 35 mètres de haut. Et je ne vous parle pas des nouveautés IMAX à bases de surfeuses en bikini ! Un week-end de deux jours. Et moi j’ai oublié de confirmer. Alors j’ai noyé mon chagrin sur Twitter. Pendant que @Futuroscope s’en donnait à cœur joie sur le hashtag #Fututoscope, j’ai fait mon #PasFuturoscope. Au programme, films sur petits écrans en guise d’IMAX, lait grenadine à la place de l’Aérobar et pour le spectacle nocturne, un gala de roller dans un gymanase.
Un régime assez simple, mais strict.
Pour #PasCannes on élève le niveau. Comme à Cannes, on regarde des films, qui ne passent pas dans les cinémas traditionnels. À Cannes parce qu’ils ne sont pas encore sortis, à #PasCannes logiquement, on se contentera des films trop anciens pour être encore programmés.
Quelques règles à suivre, ou pas :
- On respecte l’œuvre. Ça veut dire pas de coupure pub. Le film peut être sur DVD, en VOD ou passer à la télévision, mais les chaines privées interrompant les séances par de la publicité sont à proscrire.
- Le film doit être inédit. Pas question de se refaire ce bon vieux Spider-Man pendant #PasCannes. L’idée est à la base de faire baisser cette scandaleuse pile de DVD achetés mais jamais regardés.
- Si possible, le film aura un rapport avec les évènements du jour au festival de Cannes.
Bon, sur ce dernier point, hormis le fait d’avoir ouvert #PasCannes avec un Baz Luhrmann (et oui, je n’avais jamais vu Moulin Rouge, alors que je possède le DVD depuis une dizaine d’années), je n’ai pas trop respecté.
Concernant le deuxième point, j’ai réalisé que mon stock de DVD inédits était plus mince que je ne l’imaginais. Il doit tourner autour de 8 films. L’épaisseur des quelques rares coffrets de séries qui s’y trouvent aussi m’a trompé. Si j’aurai sû j’aurai pris plus d’inédits à 5 euros chez Virgin, mais voilà impossible d’y retourner ils ont fermé. Pareil à la Fnac qui ne propose pas actuellement de ventes groupées type « 50 euros les 10 DVD » (j’avais pourtant l’impression que cette offre durait depuis des années sans discontinuer). Il va falloir ruser pour tenir durant les douze jours du festival, mais ça tombe bien Free offre Canal Plus pendant 4 jours en plein milieu du festival. Autre hasard qui va bien, en cette première semaine de festivités le film de la semaine sur iTunes (VOD à 99 centimes) était Gangs of New York : encore un grand film que je n’ai jamais vu.
D’autre part, ce n’est pas toujours simple de s’astreindre. Parce que parcourir sa DVDthèque fait réapparaitre de bons souvenirs, j’ai du résister à Marie-Antoinette ou les Autres. Parce que découvrir Moulin Rouge donne envie de revoir Romeo+Juliet. Parce que quand TF1 diffuse Piège de cristal en plein après-midi un jour férié et que je ne suis pas là, j’ai envie de me passer le DVD le soir venu. Nombreuses sont les tentations et sur plus d’une semaine le plaisir cède parfois un petit peu la place à la lassitude. Passage obligé pour tout festivalier.
#PasCannes, comme sa typographie l’indique, a commencé sur Twitter et c’est là-bas que se commente l’aventure. Le support se prête à merveille au contage d’histoires quelques peu fantasmées et il est ainsi facile d’y transformer la vision d’un petit film d’action sur Canal (Safe) en invitation à une mémorable Soirée Canal.
Les bases étant établies, je passe à la liste des films déjà vus. Cette liste sera mise à jour.
Le programme, au jour le jour
Mercredi 15 mai :
– Blanche Neige et les Sept Nains, de Walt Disney (enfin, de David Hand), à la Cinémathèque.
Bon, lui je l’avais déjà vu, disons qu’il était présenté hors-compétition. Ou pas.
–Moulin Rouge, de Baz Luhrmann.
Très bien placé pour emporter la Non-palme d’or.
Jeudi 16 mai :
– la Jeune fille de l’eau, de M. Night Shyamalan.
Une merveille. Un angle discutable, mais un véritable conte de fées moderne.
Vendredi 17 mai :
– Safe, de Boaz Yakin.
Grosse, grosse soirée Canal. Jason Statham, visiblement alcoolisé, a mis un dawa monstre. Ce qu’on dit sur les fêtes de Canal à Cannes est vrai.
Samedi 18 mai :
– 2 Days in New-York, de Julie Delpy.
La névrosée est de retour, mais se contient. Tant mieux, c’était drôle, bien plus digeste que 2 Days in Paris. Un prix pour les acteurs peut-être bien.
Dimanche 19 mai :
– Twixt, de Françis Ford Coppola, à la Cinémathèque.
Un thriller très sobre, tout le contraire de son héros.
– La Piscine, de Jacques Deray.
Copie restaurée spécialement pour le festival.
Lundi 20 mai :
– Star Trek, de J.J. Abrams.
Baz Luhrmann a trouvé là son premier concurrent à la Non-palme d’or.
Mardi 21 mai :
– Cars 2, de John Lasseter et Brad Lewis.
Je n’écrirais rien sur ce film, c’est une merde. Première fois de ma vie que je quitte une séance en cours, mais ce n’était pas tenable. Puis il parait que ça se fait, en festival. J’ai fait mon critique blasé. Mon bobo cinéphile. Je n’ai pas manqué de renverser le plateau d’un serveur en quittant le palais, plein de flûtes de champagne, et suis retourné à l’hôtel directement.
Mercredi 22 mai :
– Hot Fuzz, d’Edgar Wright.
Je n’avais pas autant ri depuis la Cité de la peur. Déjà croisé pendant Star Trek, Simon Pegg illumine à nouveau #PasCannes de sa présence.
Jeudi 23 mai :
– Crime d’amour, d’Alain Corneau.
Avant Passion, il avait Crime d’amour. L’essentiel est là, mais la naïveté (des dialogues, notamment) fait tâche quand on connais déjà la version De Palma.
Vendredi 24 mai :
– Rien.
Alerte à la bombe au palais des non-festivaux, on a du évacuer la salle. Quand j’ai pu revenir, il était vraiment trop tard pour projeter et cette soirée passée à attendre sous la pluie dans l’inquiétude m’avait épuisé. Je me rattraperais en beauté le lendemain. Et dimanche. Cannes ne projete plus dimanche. #PasCannes, si !
Samedi 25 mai :
– Lady Oscar, de Jacques Demy.
Surprenant, mais je m’attendais à quelque chose d’autre. C’est une reconstitution historique à l’époque de Marie-Antoinette, j’imaginais quelque chose de plus fou, moins Historique, plus japonisant, plus dessin-animé.
– La Baie des Anges, de Jacques Demy.
Aussi bon qu’un Capital de M6 pour dénoncer les méfaits de l’addiction au jeu. Très drôle aussi, je ne m’y attendais pas. Mais un peu répétitif.
Dimanche 26 mai :
– le matin j’ai raté la projection de Cosmopolis.
Ma limousine a eu du retard et comme je ne suis pas assez célèbre, on m’a refusé l’accès au palais, même par l’entrée B du personnel et des VIP, rien, nada. De toutes façons j’aurais refusé de commenter un film en en ayant raté la moitié, conscience oblige.
– Star Trek, de Robert Wise.
Je ne m’attendais à rien, du coup j’ai été surpris. C’est parfois rigolo, involontairement, mais c’est aussi très beau. Copie restaurée, mazette !
Dans quelques heures, le jury, moi, remettra sa délibération au président, moi, et nous (donc moi) révèleront ici-même les plus belles révélations de ce #PasCannes 2013. Après quoi je ferais surement une photo avec moi-même et me demanderais un autographe. Si j’ai de la chance je m’inviterais à coucher avec moi.
Le palmarès
Caméra d’or
– Blanche Neige et les Sept Nains, de Walt Disney
Une révolution ! Walt Disney, déjà célèbre, est promis à un très, très grand avenir dans le long métrage !
Prix de la mise en scène
– Baz Luhrmann, pour Moulin Rouge
Un film virevoltant, surprenant, inventifiant. Les plans ultra-courts ne sont jamais gratuits, ils servent le récit, montrent un maximum de détail à l’œil qui sait suivre le rythme.
Prix du scénario
Simon Pegg et Edgar Wright, pour Hot Fuzz
L’humour anglais prouve une fois de plus son style et son charme souvent imités, jamais égalés.
Prix du jury-complètement-stone-en-fin-de-soirée-Canal
John Lasseter et Brad Lewis, pour Cars 2
Le premier reçoit une non-palme dessinée sur une feuille de cahier 17×22 petits carreaux. Le second reçoit une pièce de 20 centimes d’euros pour en réaliser une photocopie au café-PMU « Palmes et quotidiens« , 6 boulevard de la Croisette à Cannes, offerte par Midi Libre et le café-PMU « Palmes et quotidiens« , 6 boulevard de la Croisette à Cannes.
Prix d’interprétation masculine
Bruce Dern, dans Twixt
Sa voix, ses gestes, lents, font du Shérif Bobby LaGrange l’un des personnages les plus inquiétants de ce festival.
Prix d’interprétation féminine
Aleksia Landeau, dans 2 Days in New-York
Sa fraicheur, sa beauté innocente n’ont de cesse d’apaiser le jury. Le jury reconnais unanimement l’effet apaisant d’Aleksia Landeau sur l’organisme, au même titre qu’une photo de pitit chat sur les Internets.
Prix du jury
La baie des Anges, de Jacques Demy
Jacques Demy ne déçoit pas après Lola, le jury lui souhaite de continuer, de continuer à rêver, de continuer à aimer, et de continuer à innover. Chaque vie, chaque metteur en scène, rencontre un jour où l’autre quelque averse, quelque bataille, mais nous sommes extrêmement confiants dans le cas de Jacques Demy.
Grand prix
La Jeune fille de l’eau, de M. Night Shyamalan, avec Bryce Dallas Howard
Impossible de ne pas féliciter Bryce Dallas Howard au même titre que le film et son réalisateur. Le jury considère ne pas avoir a s’étendre sur ce choix. Tout au plus avoue-t-il un faible pour les rousses.
(pas) Palme d’or
Star Trek, de J.J. Abrams
Ça pète de partout ! Ça clignote de partout ! J.J. Abrams réussi à conserver l’âme de la série, les acteurs sont extrêmement ressemblants, tant dans leur jeu que physiquement, le scénario digne de l’originale également. Le créateur de Lost ose également s’auto-référencer de fort belle manière, comblant à la fois les fans de Star Trek et de l’œuvre, jeune, d’Abrams. Le metteur en scène se permet de minimiser les effets numériques quand c’est possible.
Le jury partage totalement l’avis de monsieur Abrams concernant l’idée que les effets mécaniques saupoudrés de corrections numériques en post-production sont un gage de qualité visuelle, de réalisme et de durabilité, bref, de plaisir pour le spectateur. Toutes nos félicitations au prodige, au fils spirituel de Steven Spielberg, à l’étoile montante du nouvel Hollywood, à celui qui fait vibrer toute une génération de jeunes spectateurs. Merci.
C’est ainsi que se termine cette première édition de #PasCannes. Et vu comme il était plaisant de me forcer à regarder au moins un film chaque soir, je compte bien remettre ça l’an prochain. Il faudra que je refasse du stock, parce que là je suis lancé et j’ai envie de continuer. Gangs of New York, Shaun of the Dead, the Wrestler, sont sur la ligne de départ. Et puis toute cette agitation (« #PasCannes, le festival, ça vous dit quelque chose ?« ) m’a aussi donné envie de revoir des films que j’ai aimé. C’est drôle, mais depuis que j’ai commencé #PasCannes, j’ai une folle envie de revoir Black Swan. Romeo+Juliet. Minority Report. Et d’autres. Ça m’a remonté à bloc !
À l’année prochaine.
Ping : Crime d’amour : Passion en moins passionné | Visionarium.fr
Ping : #PasCannes 2014 : le retour (et il est très content) | Visionarium.fr