Ouh qu’il est difficile de dire du mal de Pacific Rim. Il est de bon ton d’aduler le film, avant même de l’avoir vu si possible, et le critiquer semble revenir à critiquer Guillermo del Toro pour l’ensemble de son œuvre.
Oui ben non. Résumé : dans un futur proche, la Terre est envahie par des monstres géants aux faux-airs de dinosaures, venus d’un autre monde par une faille dimensionnelle. Pour les combattre, les peuples unissent leurs connaissances pour fabriquer des robots géants, à même de combattre l’invasion.
Ça vout dit forcément quelque chose. Les reptiles géants sortant de l’eau c’est Godzilla et les robots gants, Gundam Wing. À travers un scénario original, le génial Guillermo del Toro s’inspire des plus célèbres histoires japonaises qui nous ont fait rêver ou cauchemarder depuis notre enfance. Alors quand un réal’ génial puise son inspiration chez des Japonnais géniaux, forcément on aurait dû avoir un résultat également génial.
Pas de chance, ça ne fonctionne pas. Déjà à cause du scénario. Le film est d’une naïveté imbattable, le héros est vraiment très très héroïque, le chef a les épaules tellement larges que c’est sur lui qu’ont été moulées les premières épaulettes, la fille tombe amoureuse, les scientifiques sont des nerds patentés, les Russes sont… ah non, les Russes sont transparents, comme tous les personnages secondaires qui ne servent à rien.
J’ai évoqué des scientifiques. Ils sont deux et je pourrais me contenter de les critiquer pendant des heures. Plus que des clichés, ce sont des agrandissements A1 ! Le premier a des idées complètement folles mais qui heureusement s’avèrent toujours justes pour faire progresser le film. Le second ne sert à rien. Le pire : il est interprété par Burn Gorman, autrement dit Owen dans Torchwood, et je ne l’ai pas reconnu. J’ai cru que c’était Joseph Gordon-Levitt imitant Tucker (Lee Evans) dans Mary à tout prix !
Tous deux cabotinent, se disputent, enchainent les blagues éculées sur le sujet des scientifiques-nerds-rivaux et sont insupportables.
Ils supportent à eux deux toute la partie (sensée être) humoristique de l’œuvre, tout en devant faire avancer le récit. C’est encore une fois mal balancé, mal écrit.
L’idée de faire manœuvrer un seul robot par deux pilotes ne me semble pas extraordinaire non-plus. Elle aurait du renforcer le traitement du facteur humain, aider à approfondir les personnalités, mais comme cet aspect est déjà raté à l’extérieur des robots, il devient lassant de suivre les états d’âmes des co-pilotes plus que leur façon de piloter la machine. C’est un énorme pan du scénario qui n’est pas exploité à sa juste valeur.
La bande son est aussi fouillis que le scénario. Mon siège n’a pas arrêté de trembler de tout le film, hélas c’était provoqué par l’omniprésente musique. Pourtant fade et inidentifiable (je ne pourrais reconnaitre un air tiré du film), ses basses cannibalisent les effets sonores, en affaiblissant leur impact. Il faut attendre le générique de fin, passé une chanson pop vaguement japonisante et un rap des familles pour enfin apprécier la BO, qui s’offre alors plus sereinement.
Reste l’image. Ces combats auraient du offrir des images spectaculaires. Ouai et bien pas en relief.
La 3D aussi plante le film ! On a pas idée de convertir en post-production (et contre l’avis du réalisateur) un film se déroulant à 90% de nuit dans l’obscurité des océans, ou dans les espaces clos de bunkers !
En plus les effets 3D sont too much. Je suis le premier à penser que la 3D trop discrète ne sert à rien, mais bon dieu les goûtes d’eau et de boue qui éclaboussent l’écran, c’est amusant une fois, mais tout au long du film ça devient très fatiguant !!! Imaginez-vous jouer à Mario Kart avec l’encre de poulpe en permanence à l’écran ? NON ! Et bien là c’est la même chose !
Image sombre, image masquée, ajoutez à ça le filtre et les lunettes Real-D qui ternissent encore un peu plus l’image et l’écran métalisé qui fait perdre en détails, tout est réuni pour gâcher le spectacle.
Tout ça, il est temps de le préciser, en version française. Et je pense que ça n’aide pas. Je n’avais pas le choix, mais j’espérais que pour un gros blockbuster estival comme celui-ci ça ne poserait pas de problèmes. Erreur. La voix lisse de beau gosse du héros est insupportable. Mon animosité envers les deux scientifiques est peut-être également dû à la VF : sans doute sont-ils également beaucoup trop surjoués, semblant puiser leur inspiration dans le professeur Frink des Simpson.
Le summum est atteint avec la voix du système d’exploitation qui équipe tous les ordinateurs de l’armée, de la base aux robots : la version française se ramasse lamentablement en tentant d’imiter une voix de synthèse accolant des mots bout à bout façon Simone de la SNCF. C’est complètement raté, extrêmement désagréable et on a envie de chialer quand on réalise que del Toro à choisi pour la VO l’actrice qui interprète GlaDOS dans la série des Portal !!! La VF de Portal est pourtant réussie avec un GlaDOS agréable. Comme quoi, c’était possible.
Le summum est atteint avec la voix du système d’exploitation qui équipe tous les ordinateurs de l’armée, de la base aux robots : la version française se ramasse lamentablement en tentant d’imiter une voix de synthèse accolant des mots bout à bout façon Simone de la SNCF. C’est complètement raté, extrêmement désagréable et on a envie de chialer quand on réalise que del Toro à choisi pour la VO l’actrice qui interprète GlaDOS dans la série des Portal !!! La VF de Portal est pourtant réussie avec un GlaDOS agréable. Comme quoi, c’était possible.
Dommage parce que à côté de ça il y a de quoi prendre du plaisir dans Pacific Rim. Les décors tirent sur le superbe, le style militaire est réaliste avec des câbles et des boutons rétroéclairés partout, dans la base comme dans les robots. Des robots qui font rêver également. J’aurais du mal à parler de la mise en scène. Les combats ne sont pas brouillons, à l’exception peut-être du dernier qui m’a perdu en route sur qui devait y faire quoi, mais la faible luminosité de ma projection n’a pas aidé. En dehors des combats, la mise en scène est plutôt classique, pas mauvaise mais sans grandiloquence inutile non-plus. Ces scènes sont de toutes façon assez fades et bien trop didactiques (j’en reviens aux scientifiques, mais leur façon d’expliquer tout ce qu’ils font ou disent comme les flics de CSI manque beaucoup de tact).
En bref, alors que la très grande majorité du film se concentre sur les combats, ceux-ci étaient gâchés par le relief (projo sombre, éclaboussures bien trop présentes). Et le reste du film est gâché par le platitude du scénario et les personnages caricaturaux.
Je viens de revoir un extrait à la télévision, et il m’a paru plus beau qu’au cinéma. Ma-lai-se. Si j’ai le temps, j’irais peut-être le revoir, en 2D et en VO, pour lui donner une seconde chance. Mais je ne sais pas si j’aurais ce temps. Ça reste des robots qui tapent sur des dinos.
PS : Avant de vous laisser j’aimerais vous conseiller cette autre critique du film sur le Ciné Club Movies, dont l’avis va dans le même sens que le mien.