Header (photo de couverture) : Aude, camarade twitteresque et amie que je remercie bien bas.
Autres photos : moi-même, prises au Lumia 710 (les moches) ou à l’iPhone 5 (les rares moins moches).
Depuis la réouverture de la nef en 2005, le Grand Palais à Paris ne cesse de réhabiliter, petit à petit, chacun de ses espaces laissés à l’abandon depuis plusieurs dizaines d’années. L’ouverture d’une salle de cinéma gérée par Mk2 fait parti des derniers travaux achevés. Le 9 novembre 2012 était ouverte au public cette salle se voulant de haut standing et principalement dédiée à la réception de projections privée. D’abord ouverte au commun des mortels seulement le week-end, les horaires se sont vite étendus et il n’est plus rare de la voir ouverte toute la semaine. Dans un style art et essai, la programmation alterne les « petits » films (Après mai) et les fonds de catalogues (Elephant), et adore les ressorties de Walt Disney (Peter Pan) au même titre que d’autres petites salles Mk2 d’habitude bien plus vieillottes mais profitant ici pleinement de leur réédition en 4K.
Un petit article n’est pas de trop pour faire connaitre cette salle qui un an plus tard reste encore peu connue. Tels les Contrôles Qualité de l’ami Parcorama, voyons ce que la bestion a dans le ventre.
L’entrée s’effectue par la rotonde Alexandre III, à l’angle du bâtiment au bord de la Seine, devant le pont du même nom.
À l’intérieur, partout d’immenses portes en fer forgé. À droite un restaurant (le Mini Palais), en face de vous un petit kiosque à popcorn rouge clinquant où vous retirerez votre billet. Derrière, c’est une capsule de bois et de plâtre qui accueille un espace sur deux étages aménagé dans ce qui fût un temps une annexe de la Sorbonne avec amphis et bibliothèque. Pour rejoindre la salle il faut emprunter un petit couloir, puis un escalier en bois grinçant sous les pas du cinéphile, comme l’escalier du grenier des grands-parents promettant monts et merveilles à l’enfant aventureux.
Une porte plus loin, la sobriété et la sophistication de cette toute petite salle sautent aux yeux : 104 fauteuils faussement « club », gris au dossiers virils mais hélas de type strapontins, un projecteur 4K démesuré derrière sa vitre et un mur éventré de fines fenêtres donnant sur les arbres de la voie Georges Pompidou et, comble du raffinement, sur les colonnes du pont Alexandre III et leurs statues dorées. Un rideau motorisé encadre l’écran pour l’adapter au format du film mais n’est pas utilisé (où l’on nous parle de « cadrage automatique »).
Point d’automate réglé comme du papier à musique ici. Votre séance aura sans doute quelques minutes de retard, et une fois installé vous verrez le caissier entrer et remonter la salle jusqu’à la régie pour que la magie opère : alors que la lumière s’éteint, les volets roulants descendent sur les baies vitrées.
Le film commence et le projecteur 4K (Sony) donne le meilleur de lui-même : sur un écran si petit (5,6 mètres), plus que jamais le confort visuel est préservé jusqu’au premier rang.
L’équipement prend véritablement tout son sens sur les films de Walt Disney restaurés en 4K, comme la Belle et la Bête (1991) : testé et approuvé par votre serviteur, au premier rang, c’était d’une infinie beauté. Comme si chaque image était peinte directement sur la toile du cinéma, et redessinée, 25 fois par seconde. Sans aucune possibilité de mettre en défaut le DCP (la copie numérique du film) ou le projecteur : pas un pixel qui fait tâche. Aller, disons peut-être des rouges un peu violents ? Impossible de savoir si c’est normal, ni d’où ça vient, mais ils m’ont paru plus « à plat » que le reste et je n’ai rien remarqué sur des films plus traditionnels. C’est juste histoire de critiquer.
Côté son c’est moins extraordinaire, le 5.1 sans être mauvais ne reste pas non-plus dans les anales ; pour juger des qualités sonores d’une salle je laisse mon estomac parler et ici il ne tremble pas. On pourra éventuellement se questionner sur le fait d’ouvrir une salle dite de prestige fin 2012 sans au minimum le 7.1, même si personnellement je ne suis pas sensible à cette technologie. Amusons-nous au passage de la communication officielle lors de l’ouverture et qui parsème encore le web, parlant d’une salle « à la pointe de l’innovation technique (…) son Dolby stéréo 5.1 ».
Non on ne vient pas dans le cocon du Mk2 Grand Palais pour se faire exploser les tympans (ou vibrer l’estomac, chacun son truc). On y vient pour le cadre exclusif, pour l’aspect un peu VIP de pénétrer une salle « privée », pour ce petit moment déconcertant où les volets se ferment nous transportants définitivement du Grand Palais à une salle de cinéma, et bien sûr pour le projecteur 4K.
Il est dommage que dans ces conditions, quelques tous petits détails viennent légèrement ternir le tableau. Comme la baguette en bas des volets, brillante, qui reflète la lumière de l’écran. Ou les équerres derrière la toile, noires mais laquées, qui reflètent elles aussi la lumière du projecteur et viennent former des lignes brillantes dans l’image, selon votre emplacement dans la salle. C’est un grand classique de certaines veilles salles de ciné, mais à ce niveau de standing ça aurait couté quoi de recouvrir ces équerres (et le bas des stores), de matières mates ?
Le bloc lumineux indiquant les toilettes, une porte juste à droite de l’écran, n’est pas en reste : un voyant très lumineux clignote en permanence. On arrive en principe à l’oublier pendant la séance, mais c’est assez hallucinant de voir ça (encore un an après l’ouverture) dans une salle neuve.
Les séances ne débutent, pour mes diverses expériences, pas à l’heure et l’employé multi-usage caissier-ouvreur-projectionniste n’est souvent pas à la caisse avant la projection. Il est très fréquent d’arriver 5 minutes avant l’heure prévue et de ne trouver personne dans le hall et l’accès à la salle fermé par un cordon. La dernière fois le caissier est arrivé après l’heure prévue du début du film, qui a lui commencé dix minutes plus tard. Ce n’est pas ce constat à proprement parler qui me dérange, j’ai même envie de dire que ça ajoute au côté intimiste du lieu. Mais qu’au moins Mk2 nous fabrique un beau panneau « Je reviens dans quelques minutes » que son personnel poserait sur le comptoir pendant son absence. Là j’ai vraiment, vraiment, pensé qu’Allociné s’était planté, qu’il n’y avait pas de séance au jour et à l’heure prévue. Que la salle était tout simplement fermée. Quand vous attendez seul devant une salle de cinéma fermée à l’heure du spectacle, c’est la seule conclusion logique.
Des détails, mais dans une salle se voulant être Over the Top, c’est dommage. Surtout qu’ils sont tous rectifiables très facilement.
Je ne suis pas non-plus très fan des fauteuils, mais d’un autre côté j’adore les Love-Seat Mk2 que pas mal de monde déteste. J’aurais aimé plus de place pour les jambes (heureusement il reste le premier rang tout à fait utilisable) ou bien que les dossiers puissent s’incliner : je suis certain que tous les invités assistant en semaine à des projections privées seraient d’accord avec moi 😮 J’ai du mal a finir un film sans me tourner dans tous les sens à me sentir trop droit, sans trop pouvoir croiser ou décroiser les jambes (fichue peur de frotter au beau velours du siège de devant), caler sa tête entre deux dossiers ne convient pas trop non-plus…
En bref, si je devais noter cette salle, je lui attribuerais un 4,5/5.
Une image sublime, un cadre idyllique, mais de petits détails idiots et facilement révisables qui fâchent dans une salle si récente.