Pitoyable mésaventure qui vient de m’arriver à l’UGC George V. Un « Multiplexe » à l’ancienne dont je parlerais un jour en détail, car la majorité de ses 11salles sont bien agréables. Mais ce dimanche j’ai été obligé de quitter la salle et de faire annuler mon ticket.
En ce 16 février, j’arrive sur les Champs-Elysées à 12h10 et c’est totalement à l’arrache que je décide du film que je vais voir : ce sera la Belle et la Bête de Christophe Gans, qui commence dans 5 minutes. Il est projeté à l’UGC George V, dans la salle numéro 2 qualifiée de « Prestige » par UGC. Nous l’avons déjà vu au Normandie non-loin, ce terme inventé par UGC est largement galvaudé. L’adaptation de ses salles au relief numérique a notablement diminué la qualité de projection puisque UGC a fait le choix de la technologie RealD, imposant un filtre LCD devant le projecteur pour les séances en relief et un écran métallisé nécessaire pour conserver le relief quand l’image rebondi sur la toile (je simplifie).
Petit intermède qui nous resservira plus bas : l’image ci-dessus vous présente l’équipement typique d’une salle 3D récente (d’autres solutions existent mais sont moins répandues. Si le fabriquant n’est pas RealD, le procédé est en tous points semblable : le filtre LCD est fixé sur un rail (ici motorisé) et n’est pas totalement transparent, comme vous pouvez le voir sur la droite de l’image. Il change les couleurs et assombri l’image. Pour compenser ce défaut majeur, on projette une image plus lumineuse lors des séances en relief et on retire le filtre de devant l’objectif lors des séances en 2D.
Donc première déception pour un film au visuel aussi soigné que la Belle et la Bête : dans une salle RealD, l’image sera un peu floue. L’écran métallisé, ça rend une image un peu huileuse, mal définie. Mais ça encore, j’y suis, hélas, habitué.
Par contre, alors que j’avais déjà vu un ou deux films dans cette salle, sans sourciller, je trouve d’office le logo UGC, projeté sur fond blanc, extrêmement sombre, mais alors vraiment, vraiment sombre. Anormalement sombre. Du coup je me tourne vers le projecteur (bon, en fait je le fais toujours) et là surprise : l’image clignote. Elle scintille. Dans la cabine de projection. Mais pas sur l’écran. Très étrange. Et surtout, plus gênant, quand je reviens face à l’écran, (je suis au centre de la salle, idéalement placé) je perçois le scintillement dans… et bien dans le cadre de mes lunettes il me semble. J’ai bien l’impression que c’est sur mes lunettes, mais n’ayant jamais vécu ça avant je ne peux le certifier. Peut-être n’était-ce même pas un reflet venant de l’arrière vers ma monture, mais l’image de l’écran, venant de face et traversant mes verres bas de gamme qui ne sont pas traités anti-reflet. Ou que ce même écran se reflétait sur l’avant de ma monture, d’où cette sensation de scintillement diffus et non localisable. Voir les deux ou les trois à la fois. C’était en tous cas vraiment très étrange. C’est un peu comme si il y avait une surboum dans la régie et que le stroboscope se reflétait dans mes lunettes.
Comment décrire ce scintillement… vous avez déjà utilisé des lunettes 3D actives au cinéma (les grosses rouges, ou certaines salles du Futuroscope) ou celles des téléviseurs 3D ? Si vous avez déjà essayé de regarder une ampoule avec (l’halogène de la salle de ciné, votre lampe de salon si vous avez un de ces téléviseurs ou bien chez Darty fixez l’éclairage au plafond avec les lunettes de démonstration) vous verrez que la lumière se met à scintiller. C’était exactement le même scintillement mais généralisé !
Je sais que ce n’est pas normal, et surtout ça m’est insupportable. Et puis je ne vais pas rester assis à regarder un film a priori pas top alors qu’il y a une surboum dans la régie 😉
Je sors de la salle, le guichetier me redirige vers un employé visiblement un peu plus haut gradé. Il vient dans la salle avec moi, trouve la projo et le projo normaux. Je lui dis de ne pas regarder l’image, mais son reflet sur l’épaisseur en bois autour de la vitre de la cabine. C’est à ce moment que son « je vais voir, retournez vous assoir » sonne pour moi comme un « ouiii, bien sûûûr monsieur, retournez vous assoir, l’ambulance va arriver ».
J’attend quand-même sagement les toutes premières images du film : j’ai une petite idée du problème et je me dis que si une case a été cochée par erreur sur l’automate pour les bandes-annonces, ça ne sera peut-être pas le cas pour le film. Après tout j’ai déjà vu l’UGC George V diffuser le court-métrage précédant Monstres Academy (Blue Umbrella, tourné en Scope) en 1,85 comme les bandes-annonces et donc fenêtré en petit au milieu de l’écran. Le projecteur n’avait zoomé pour le Scope qu’après le court-métrage.
Peine perdue, dès les logos des producteurs, ça scintille encore dans mes lunettes. Je m’en vais.
Par contre, heureusement, aucun soucis pour me faire
Bon. Finissons-en avec cette séance avortée. À mon avis le filtre RealD était en position, en fonctionnement, et le projecteur réglé pour une projection classique.
- En position : c’est à dire placé devant l’objectif du projecteur, comme pour une séance 3D.
- En fonctionnement : comme pour une projection 3D, le filtre polarisait la lumière, alternativement dans deux directions opposées.
- Et avec la luminosité réglée pour une projection 2D : parce que en général pour les projections en relief, à cause de toutes ces étapes de filtration qui assombrissent l’image, on règle la luminosité du projecteur plus forte que pour un film 2D.
Mes constatations m’amènent à penser qu’ici le projecteur devait être réglé pour la 2D, ce qui est tout à fait normal. Réglé pour le film qu’il devait diffuser. Contrairement au filtre.
J’aimerais avoir l’avis de Christophe Gans, mais il n’est pas sur les réseaux sociaux.
J’aurais surtout aimé ne pas avoir à dire du mal de l’UGC George V qui dans la majorité de ses salles est franchement agréable, mais ça ne va plus être possible. Un grand merci à Martin Fournier, doctorant en astrochimie en troisième année de thèse ministérielle à Rennes (plus d’infos), pour l’aide technique sur la propriété polarisante des objets du quotidiens.
Un article plus détaillé sur la technologie ReaD à lire chez Manice.
Ton site est laid, mal documenté et mal écrit. Il témoigne plus de ton amour pour toi-même que pour le cinéma.
Merci pour ce commentaire Steve (ou quel que soit ton prénom). Je n’aime pas les compliments car on ne sait jamais si ils sont sincères. Les critiques négatives par contre, sont importantes pour s’améliorer. Je trouve que tu as parfaitement raison sur quelques points.
Est-ce que ce site est mal écrit ? Absolument. Je ne suis pas particulièrement mauvais en orthographe, à la base. Même si j’ai quelques lacunes – je suis parfaitement incapable de comprendre les COI et les COD, je ne les vois pas, c’est totalement abstrait pour moi – je suis le premier à voir les fautes dans les textes des autres. Ça me pique les yeux. Hélas j’ai un mal de chien à voir les fautes dans mes propres textes. Parce que j’en fais énormément en écrivant, sans doute trop vite, et qu’ensuite connaissant mon texte par cœur je n’arrive pas à la relire comme quelqu’un d’extérieur. Donc il reste toujours des fautes dans mes textes. Et je le déplore autant que toi.
Est-ce qu’il est laid ? Assurément. Mais ce n’est franchement pas le plus important. Enfin, j’espère que tu parles du site en général et pas de cet article en particulier, parce que le GIF animé rose bonbon en header, c’est fait exprès, mais tu sembles parler en connaisseur, avoir parcouru plusieurs pages donc ça ne t’aura pas échappé.
Note que personnellement, j’ai une admiration sans borne pour les anciens sites internet, ceux en HTML pur avec des fonds gris et des liens bleus. Aujourd’hui on a de menus déroulants en Javascript, des colonnes dynamiques au contenu en PHP, … est-ce plus clair ? Non. Un bon vieux site de la fin des années 90 est laid, mais plus facile et agréable à utiliser qu’un site moderne. La beauté d’un site internet ce n’est pas ce qui compte le plus.
Ah par contre, « mal documenté », ça je ne saurais te dire, puisque je suis limité à ma mauvaise documentation. Je trouve ta remarque incomplète : pourquoi dire à quelqu’un qu’il a tord sans lui expliquer à quel(s) sujet(s) et pourquoi ? Soit je ne suis pas digne d’intérêt et il valait mieux me laisser dans l’obscurantisme (maintenant je risque de m’améliorer) soit tu veux m’aider mais il faut me dire en quoi je me trompe. Simplement dire à quelqu’un « tu te trompes », sans lui dire pourquoi, c’est vache. C’est mesquin.
Quand à ta dernière remarque, merci de me le signaler. Ce n’était vraiment pas le but. Quand je regrette de ne pas mettre Visionarium.fr à jour plus souvent, quand je le trouve laid, quand je fustige de retrouver des fautes dans des articles publiés, ce doit être du narcissisme. Il va falloir que j’y fasse attention parce que ce n’était pas le but. J’ai connu des gens comme ça, et c’est vrai que c’est désagréable. Genre, ils prennent des cause à bras le corps, genre une histoire de dauphins, et s’en servent pour se mettre en valeur. Je ne veux surtout pas ressembler à ça. À vrai dire, ton analyse va ravir mes amis qui seront heureux d’apprendre que j’ai un minimum d’amour propre, ils s’inquiètent un peu trop pour moi. Donc encore merci. Mais sérieusement : écrire que je suis « mal documenté », sans en dire plus, c’est pas cool.
Le qualificatif de “salle prestige” remonte au milieu des années 80. À cette époque, les deux grands circuits UGC et Gaumont cherchaient à redorer le blason des complexes, dont beaucoup de salles étaeint issues de découpages pas toujours heureux d’anciens grands cinémas. Résultat, des salles souvent biscornues, minuscules… et moches. Une campagne de rénovation importante avait donc été lancée. Les deux frères ennemis ont chacun créé leur label pour qualifier les salles de standing : “Prestige” pour UGC et “Gaumont Rama” pour Gaumont (qui avait aussi un label “Grand Écran” pour certaines salles). Puis les multiplexes sont arrivés dans les années 90. Gaumont abandonne son label et UGC l’a conservé pour quelques unes de ses salles historiques.
Merci encore pour ces détails (et je répond un peu tard).
Cette salle « Prestige » n’a de prestige que sa taille.
Par contre l’autre salle « Prestige », dans l’autre entrée du George 5, avec son balcon et ses lustres, garde un certain cachet et surtout une qualité de projection très agréable (elle n’est pas équipée pour le relief et l’image est suffisamment lumineuse).