J’avais raté l’info, je l’ai appris ce samedi matin sur Twitter et ai avalé très très vite mon petit-déjeuner pour y être à l’heure : le Mk2 Hautefeuille passe, toute la semaine, Nympomaniac de Lars von Trier, les deux parties bien sûr, en version longue (« Director’s Cut »).
L´Origine du monde de Lars von Trier
Fin 2013 (début 2014 en France), le dernier film de Lars von Trier sort au cinéma, non sans avoir fait couler beaucoup d’encre. Précédé d’une réputation sulfureuse et d’affiches présentant le visage des acteurs en plein orgasme, le film de plus de 5 heures et 30 minutes fut découpé en 2 parties et grandement censuré par le producteur, qui accouche de 2 films de 2 heures. 1 heure et 30 minutes sont donc manquantes. C’est énorme. 1 tiers du film a disparu.
La première partie est interdite aux moins de 16 ans.
La seconde partie, carrément aux moins de 18 ans.
En France, la première partie sort début janvier 2014 et la seconde fin janvier, 3 semaines plus tard.
C’est où ?
Au Mk2 Hautefeuille, à Paris dans le quartier St-Michel. Dans la toute petite rue Hautefeuille, pas facile à trouver.
Si vous venez en RER, prenez la sortie Fontaine St-Michel et prenez juste à droite de celle-ci. Si vous vous retrouvez sur la place St-Michel, pareil, allez à droite de la fontaine et tout droit.
Si vous connaissez le HD Diner St-Michel, c’est la petite ruelle juste à droite de sa façade. Où juste à gauche de Chez Clément, Place Saint-André des Arts.
C’est un ancien cinéma Gaumont. Revendu à Mk2, il en garde encore les moquettes et les dossiers de fauteuils au logo Gaumont, la première fois c’est déstabilisant.
Les salles sont vieillottes, ambiance art & essai fauché de banlieue, mais ça fait son charme. Nymphomaniac est diffusé dans la salle 4, dont le tissus arraché des accoudoirs laisse apparaitre une structure en plastique blanc. L’ambiance délabrée inspire celle d’un cinéma porographique, ce qui scie parfaitement pour Nymphomaniac !!! Le seul reproche à faire à la salle serait que le haut des dossiers est dur, l’arrière du crâne souffre un peu à trop vouloir s’appuyer sur le plastique.
Avantage des salles à l’ancienne : chacune à ses toilettes. Pour voir 5h30 de film, c’est important, c’est un luxe non-négligeable. Elles sont juste à l’entrée de la salle.
On fait comment ?
Les deux parties de Nymphomaniac version longue sont diffusées à la suite. Entracte de 10 minutes puis 15 petites minutes de pub à peine : ça ne laisse pas le temps d’aller manger. Prévoyez un truc à grignoter et une bouteille d’eau. Par contre vous pouvez acheter vos 2 billets d’un coup et rester dans la salle.
Attention ça ne marche pas avec la carte UGC, qui ne permet de retirer son billet que 60 minutes avant une séance.
Du coup, prenez un sac à dos avec vous, ou un vêtement en plus, clair de préférence pour être bien visible : posez-le à votre place quand, durant l’inter-séance, vous irez aux toilettes ou retirer votre deuxième billet avec votre carte illimitée.
Mais ça ne sauve pas toutes les situations : moi le temps d’aller aux toilettes, malgré mon blouson (noir) sur mon siège, un petit vieux s’est assis à la place centrale du rang de devant, pile devant moi. Je me suis décalé, mais j’aurais préféré tout voir de la même place.
Ça vaut le coup ?
Oh que oui !!! Nymphomaniac a reçu beaucoup de mauvaises critiques, a été peu diffusé. La première partie a ammené 100 000 personnes en salles en France, la seconde 70 000 (me dit Allociné). Personnellement la seconde partie m’avait beaucoup déçu. Mais tout était fait pour ne pas pouvoir l’apprécier :
- La sortie trop tardive : 3 semaines entre les deux parties d’un même film sensé être vu en une fois, c’est ridicule.
- Les coupes trop franches : la première partie est bourrée de scènes de sexe, la seconde n’en avait presque pas. On ne retrouvait pas la même audace. Bien sûr les sujets sont plus graves et l’héroïne n’a plus le physique de ses 20 ans. Mais ce changement était surprenant. D’autant que les extraits diffusés durant le générique de fin de la partie 1 promettaient bien plus.
- L’interdiction aux moins de 18 ans contre 16, qui, fort logiquement, laissait elle aussi espérer quelque chose d’encore plus trash.
Cette version longue tient-elle ses promesses ? Je l’ai déjà dit : oui ! Le fait d’enchainer les deux parties est très important. Une deuxième partie qui m’a enfin satisfait. j’avoue être incapable de repérer précisément quels plans ont été ajoutés. 1 heure de plus, mais principalement par petits bouts par-ci, par-là. Dans mes souvenirs, cette partie était très chiche en actes sexuels, cette fois les plans tant attendus sont bien là. Oui, même celui avec les deux blacks bien lotis, que nous avait fait espérer le générique de la première partie (hû hû). Oui oui oui. Tout une séquence était manquante : une longue, insoutenable scène d’avortement. Vraiment gore. Suivie d’une réflexion sur le droit à l’avortement. Pour le coup je comprend l’interdiction aux moins de 18 ans. Elle a du être attribuée à la version non censurée, je ne vois que ça. Même dans la première partie, de nombreuses fellations ont été ajoutées ou sont beaucoup plus explicites. Mais il n’y a pas que le cul dans la vie et même un plan très court sur un miroir, anodin dans la version sortie en salles prend une nouvelle dimension dans la Director’s Cut ! On pourra regretter que les affiches promotionnelles étaient tout de même trompeuses, nous dirons « conceptuelles » pour rester polis, puisqu’au final vous ne verrez jamais Willem Dafoe ou Uma Thurman passer à l’acte. Mais c’est finalement du détail, tant cette fois le film fait sens, ainsi présenté.
Au final, sur l’intégralité de Nymphomaniac Director’s Cut, c’est une longue scène marquante en plus, et tout le long du film, des plans en plus : des pénétrations qui n’étaient pas montrées, un cunilingus cadré différemment, … Pour ainsi dire, les doublures corps utilisées pour les scènes de sexe (créditées « sexe doubles » au générique) étaient quasiment inexploitées dans la version cinéma classique, alors qu’elles sont très présentes dans la version originale de Lars von Trier.
Nymphomaniac est définitivement une expérience, qui avait été massacrée de toutes les façons possibles à sa sortie, alors qu’elle mérite d’être vue dans son intégralité et en une seule fois pour être jugée, en bien ou en mal, mais à sa juste valeur.
Et pour moi c’est un hymne au féminisme.
Il ne reste que 3 jours pour en profiter : aujourd’hui dimanche, lundi et mardi.
Séances à 12h00 (partie 2 à 14h50) et 18h00 (partie 2 à 21h05).
Plus d’infos sur le site de Mk2 (attention les durées sont erronées, ce sont celles de la version censurée).
Après quoi, il vous restera le DVD.