Et oui, tout bêtement. Ces gens qui désirent gouverner des régions, promettent de les faire prospérer, et, pour certains, de privilégier les entreprises locales : lors des appels d’offres, où font-ils imprimer leurs tracts ?
De nos jours, même les romans et les beaux livres sont parfois imprimés à l’autre bout de l’Europe, voir en Asie, plutôt qu’en France (sympa le bilan carbone). Et les partis politiques, tous bords confondus, ne sont pas les derniers quand il s’agit de faire fabriquer des goodies (t-shirts, peluches, parapluies, tongs, …) en Asie et sans assurance que ce ne sont pas des enfants qui les confectionnent. Alors il serait tentant de faire imprimer les tracts et autres bulletins à l’autre bout du monde, si c’est moins cher.
Rapide revue des professions de foi reçues en Île-de-France.
Liberté, légalité, fraternité
Il faut d’abord savoir que la mention de l’imprimeur est obligatoire sur les tracts électoraux, comme sur tout imprimé distribué dans la rue. Attention, ce paragraphe ne sera pas compliqué (car je suis là pour vous accompagner), mais juste un peu chiant, éventuellement. Rassurez-vous, les recherches pour sa rédaction ont été chiantes pour moi aussi.
Pour le cas général des « flyers » et autres dénominations de communications sur papier, on se tourne vers la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, qui, dans son article 3, dit actuellement (la loi évolue, par exemple pour modifier le coût des amendes, ainsi cet article, dans cette version, date de 2010) que :
Tout écrit rendu public, à l’exception des ouvrages de ville ou bilboquets, portera l’indication du nom et du domicile de l’imprimeur
Et en ce qui concerne les professions de foi ? Direction le code électoral, à l’article L48, qui dit que…
Sont applicables à la propagande les dispositions de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse
C’est simple : la code électoral dit de respecter les mêmes règles que pour n’importe quel imprimé. Il y a bien sûr quelques exceptions, mais je vous en fait grâce puisqu’elles ne concernent pas la présence ou non du nom de l’imprimeur.
Ancrés en régions, mais encrées en régions ?
J’ai donc fait le tour des professions de foi reçus dans ma boîte-aux-lettres, en Île-de-France, pour voir si la mention était bien présente, d’une part, et voir si les candidats faisaient fonctionner l’industrie locale, d’autre part. Et bien les résultats ne sont pas mauvais, même si j’ai été un peu étonné par certains mauvais élèves. Tour de table !
Félicitations
Ils réalisent un sans-faute en précisant le nom de l’imprimeur, ou son numéro d’immatriculation au Registre du commerce (…et des sociétés, dit « R.C.S. ») qui permet de retrouver l’imprimeur (même vous et moi pouvons faire ce « fact checking », merci internet) ; par ordre alphabétique, nous trouvons : Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière, Claude Bartolone du Parti soit-disant Socialiste (ben oui…), Nicolas Dupont-Aignan de Debout la République, Wallerand de Saint-Just pour le front national.
Et Aurélien Véron et Karine Madar d’Aux urnes citoyens à qui j’attribue la mention très bien pour son adresse sur 2 lignes, mise en valeur, détaillée et agréable à lire.
La société choisie par Valérie Pécresse de l’UMP (ça a changé de nom mais c’est pareil) ayant des imprimeries partout en France il est impossible de certifier que ces tracts aient été imprimés en Île-de-France, mais ça semblerait tout de même parfaitement logique. L’imprimé est légalement correct, je vais considérer que tout est bon à mes yeux, retirer des points à sa copie (vous l’avez ?) pour ça serait injuste.
Encouragements
François Asselineau de l’Union populaire républicaine : l’imprimeur est précisé, comme l’exige la loi. qui plus est, de façon précise, sur une longue ligne avec l’adresse et tout et tout. Mais Tours, c’est pas trop en Île-de-France. Malgré la réduction du nombre de régions, Centre-Val-de-Loire n’a pas (encore ?) été absorbée par l’ÎDF.
Pour un candidat qui souhaite « pour notre région […] réorienter les aides vers les PME, les TPE et l’artisanat […] des mesures réalisables et de bon sens », ça la fou mal. Seul espoir, que cette imprimerie de Tours soit tenue par un ami à lui qui lui aurait fait un très très très très bon prix, ce qui correspondrait à son souhait de « gérer le Conseil régional de façon […] économe » mais pas sûr par contre que ça aille dans le sens de « moraliser la vie politique locale ».
Avertissement
La surprise. La déception, venant d’une élève qu’on pensait excellente. Zéro pointé donc pour Emmanuelle Cosse d’Europe écologie les Verts, qui n’a pas respecté le code électoral en n’indiquant pas l’imprimeur.
J’ai cherché partout. Je cherche encore d’ailleurs, car j’ai du mal à y croire. « Choqué et déçu », comme on dit ces derniers temps. Déçu en tout cas, oui, clairement.
Vous trouvez mention de l’imprimeur d’Emmanuelle Cosse sur les photos ci-dessus ? Signalez-le-moi vite en commentaire. J’irai immédiatement prendre un rendez-vous chez l’ophtalmo.