Tient, un film grand format sur les ouragans. Ouragan raconte la vie d’un cyclone tropical, de sa formation à son extinction naturelle.
« Raconte », c’est bien le mot : production européenne, Ouragan tente de s’affranchir des poncifs du cinéma français pour tendre vers les documentaires IMAX à la MacGillivray Freeman, qui créent un véritable scénario autour d’un évènement climatique, une personnification très forte de la Nature.
Ainsi, nous suivons ici la vie et la mort de l’ouragan Lucy, un ouragan fictif et incarné par Romane Bohringer, qui prête sa voix à la première personne aux pensées de cette tempête tropicale.
C’est loin mais c’est beau
Ouragan est un beau spectacle, avec quelques plans vraiment impressionnants, comme les images sous-marines de l’ouragan.
Et ces plans nocturnes, en pleine ville, abandonnée, où les arbres et les feux tricolores résistent tant bien que mal au souffle. Des plans oppressants, aussi forts que la plus réussie des séquences d’un bon film catastrophe, renforcés par un son puissant ; forcément puissant, à la Géode. Des plans qui m’ont marqué, des plans à peine croyables, au point de me demander sur l’instant s’ils étaient réels ou en images de synthèse.
Avoir fait signer Yann Tiersen pour la bande-originale est une excellente idée, le compositeur Breton (du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, pas besoin de le rappeler mais ça fait toujours du bien malgré tout) s’accorde élégamment avec le sujet. Ne cherchez pas de rationalité dans ce qui va suivre, mais un thème simple m’a même rappelé les notes de piano de Trent Reznor sur The Social Network, ce qui m’a tout de suite mis bien ^^
Comme dix-huit ouragans, qui passaient sur moi
Tourner au cœur des ouragans n’est pas chose aisée, alors pour amasser suffisamment de matière, le trio à l’origine du projet (Cyril Barbançon, Andy Byatt et Jacqueline Farmer, trois réalisateurs de documentaires, un Français et deux Écossais venants de la BBC, oh combien célèbre dans ce domaine) ont couru après la météo durant quatre ans, le temps de filmer quelques bribes de pas moins de dix-huit ouragans. Mais ça valait le coup.
Présent à l’avant-première mais n’ayant pas pu rester pour la séance de questions-réponses (coucou la grève SNCF), c’est le site officiel qui a répondu à mes interrogations concernant les scènes au cœur du cyclone, en pleine ville : les caméra ont été installées dans des caissons sur-mesure, équipés de vitres rotatives pour empêcher la pluie de se fixer sur l’objectif. Un peu à la manière des caméras embarquées dans les voitures de formule 1.
Le film a d’ailleurs été tourné nativement en relief, avec deux caméras RED. Pour plus de détails je vous renvoi à nouveau vers la page making-of du site officiel, où l’on apprend notamment que les caissons ont été nommés « Wall-E1 » et « Wall-E2 », en référence au robot de Pixar, à cause des deux ouvertures devant les objectifs.
Cette 3D native rend vraiment bien, avec une profondeur parfaitement maîtrisée et n’hésitant pas à offrir quelques effets de jaillissement bienvenus !
Si la scénarisation assez élaborée, de part la narration personnifiée de Romane Borhinger, la musique d’un compositeur célèbre et les moyens techniques bricolés et inventifs, et bien sûr le sujet lui-même, rappellent les très gros documentaires IMAX d’Amérique du nord (et plus particulièrement « Hurricane on the Bayou » / « Ouragan sur la Louisiane » en VF au Futuroscope), il aurait été bienvenu de pousser les ressemblances encore plus loin.
Hélas l’image a un rendu très numérique, très « docu », un peu normal quand on ne filme plus sur pellicule, mais les caméra RED sont sensés, dit-on, être ce qui se fait de mieux, ce qui se rapproche le plus d’un rendu « cinéma ». Peut-être simplement un manque d’audace du côté de la photo ? Un défaut typiquement français ai-je envie de dire 😇 Peut-être que les lunettes 3D peuvent jouer également, rendant l’image un peu plus grise, mais la bande-annonce est assez terne également. Cette version « format géant » au ratio presque carré pèche aussi par des synthés trop petits dans le coin de l’image : sur une telle surface d’affichage, on n’écrit pas le nom des lieux visités en tout petit dans le coin, ça ne se voit pas ! Pour reprendre l’exemple des docus IMAX, les dates et lieux sont généralement écrits en énorme au centre de l’image.
Défaut inhérent aux projections en relief, qui plus est à la Géode, les scènes nocturnes sont trop sombres. Je ne sais plus qui, des producteurs ou du directeur de la Géode, a évoqué ce soir là la possibilité d’une futur sortie en IMAX pour Ouragan : ça pourrait être dantesque. Si les caméras numériques employées ont une meilleur définition que celles utilisées sur D-Day, Normandie 1944, ce que j’imagine facile avec des RED modernes (et en tous cas j’adorerais vérifier par moi-même 😇), les scènes qui m’ont marqué en 3D ont le potentiel pour devenir totalement immersives en OMNIMAX !!! Ce serait l’occasion également de réviser la disposition des intertitres, je serais vraiment curieux de voir ça, j’espère que ça se concrétisera.
En attendant le seul format géant disponible est numérique. Il dure 44 minutes et est diffusé exclusivement à la Géode. La version cinéma traditionnelle, sortie le 8 juin dernier, dure 1 h 23 et est proposée au format Scope, ce qui n’est pas pour me déplaire 😏 Aucune sortie DVD n’est annoncée pour le moment, quelques rares salles en France le diffusent encore, sinon… Géode !
Les photos proviennent du site officiel (les petites), et de la bande-annonce (les grandes et les GIF animés).