Franck Dubosc est Cédric Saint Guérande, ex joker du JT devenu LA star des journaux télévisés en se retrouvant propulsé au devant de la scène lors des attentats du 11 septembre 2001.
Ce postula un peu tiré par les cheveux est celui du premier film de Michel Denisot, souhaitant mettre en images les rouages de la télévision, qu’il connait bien.
Michel Denisot, réalisateur. Ça fait bizarre. Mais qui sait, j’avais envie de lui laisser sa chance : le bougre n’étant pas du milieu, il allait peut-être s’entourer de gens très compétents pour l’aider à écrire et réaliser un film sympathique.
Cinéman
Que je suis naïf. Sur l’écriture déjà, on ressent très clairement que Denisot n’a aucune idée de comment se raconte un film. Entièrement narré en voix-off par Dubosc, Toute ressemblance… semble être une très fade adaptation de bouquin. Denisot a écrit un livre, pas un film. Et aucun intermédiaire n’a pu transformer cet écrit en œuvre filmique, puisque Denisot, qui aurait du se contenter du scénario, s’est aussi chargé de la réal’.
Denisot ne connait rien au langage cinématographique et ses images ne traduisent jamais ses pensées. Les images ne servent à rien, le récit avance à travers la voix off de Dubosc, lisant les mots de Denisot. Souvent même, les images et la voix off nous font ressentir des sentiments différents, voir opposés. Toute ressemblance… est un putain de livre audio, sur lequel on aurait collé des images ayant autant de rapport avec la choucroute que les clips qui accompagnent les chansons dans les DVD de karaoké.
Babylon A.D.
Le film a aussi de gros problèmes de temporalité. Déjà, Denisot y faisant entrer toute sa vie d’anecdotes (et de fantasmes ?), il mélange des éléments de différentes époques qui font s’effondrer tout espoir de réalisme : le film est contemporain, il se passe vers 2018, pourtant le journal de « CSG » fait encore 40 à 50 % de parts de marché tous les soirs. Et internet, YouTube, sont de nouveaux concurrents qui vont seulement bientôt commencer à ébranler cette hégémonie. Pour Michel Denisot, la télé de 2018 est la même que celle de 2001, avec juste des smartphones dans les mains des gens, et les réseaux sociaux permettent aux individus de se faire tourner uniquement des « buzz », pas de la vrai info. Dans le monde de Denisot, en 2018 TF1 est encore le leader incontesté, les chaînes info ne sont pas un problème et internet va devenir un sérieux concurrent.
Second problème de Denisot dans son rapport au temps, je suis bien incapable de vous dire sur combien de temps se déroule l’action contemporaine dans le film. Est-ce deux jours ? Est-ce six mois ? Je n’en sais rien. Par moment on passait d’une scène à une autre, je croyais comprendre que plusieurs semaines s’étaient écoulées, mais en fait c’était seulement quelques heures. Et là, c’est un cas où j’ai finalement compris. La plupart du temps, impossible de deviner.
Aller, un bon point tout de même : moi qui déteste Jérôme Commandeur, le j’ai trouvé ici tout en retenu et en sensibilité. Comme quoi. Attention tout de même, ce film n’a de « comédie » que sa catégorie et comme bien des « comédies françaises », il n’est pas drôle.
Joséphine, ange-gardien
Michel Denisot est peut-être naïf. Le plateau de son journal est un hommage à son émission le Grand Journal, sa copie de TF1 s’appelle LGC pour « La Grande Chaîne », hommage encore à son Grand Journal, morale obligatoire comme dans tout bon film français (spoiler : LA DROGUE C’EST MAL) et au final son film est d’une simplicité déconcertante, semblant se dérouler comme un jeu vidéo.
N’ayant au final rien à raconter, Michel Denisot, non-réalisateur, ne sait même pas conclure son générique de fin, coupant net la musique après que les dernières lettres y aient défilé, comme une coupure de courant stoppe une fête.