Un agent secret est recruté pour travailler sur Tenet, un problème mondial des plus complexes : il s’avère que le temps ne s’écoule pas dans une seule direction, il est possible de l’emprunter à l’envers. Et ça, c’est une occasion en or pour certaines personnes mal intentionnées. Des personnes qu’il va donc falloir combattre.
Christopher Nolan étant habitué à nous retourner le cerveau avec des films parfois complexes dans leur structure, comme Inception, le Prestige ou Dunkerque. Avec le pitch de Tenet, tout le monde s’attendait à une apothéose de complexitude. Et bien ce n’est pas le cas.
Passé une première partie nous montrant des objets « inversés » (c’est dans la bande-annonce) pour essayer de nous mettre en situation, la finalité de tout cela est un un presque classique voyage dans le temps, mais en marche arrière. Le concept des objets inversés présenté m’a donc semblé un peu inutile, la suite étant plus simple à saisir.
En effet dès que les héros du film décident de « s’inverser » eux-mêmes, leurs problématiques deviennent celles de tous les films de voyage dans le temps, au point qu’on pourrait parfois croire à un hommage au genre : paradoxe du grand-père, nécessité de ne pas se rencontrer soit-même, … Je n’ai pas compté mais j’ai l’impression que tout y était passé. Toute personne ayant regardé Retour vers le Futur ou la série britannique Crime Traveller sera en territoire connu et ne se sentira pas perdue : une seconde vision ne me semble a priori pas essentielle, les choses à première vue complexes étant toutes expliquées par le film, montrée sous tous les angles, souvent en même temps. Car il n’y a pas de trucage narratif ici : vous ne pourrez pas remonter le film chez vous dans l’ordre chronologique comme avec le Prestige ou Dunkerque. Non dans Tenet, quand deux temporalités sont présentes, on le sait. Soit on le devine (pas mal de choses sont facilement prévisibles), soit c’est même clairement expliqué. Dans le pire des cas, certains plans, par leur complexité, peuvent retourner le cerveau, mais ce n’est qu’une question d’entrainement. Un peu comme à l’arrivée du jump cut, ou des ellipses : les premiers spectateurs n’y étaient pas habitués, mais aujourd’hui c’est acquis pour tout le monde. Les twists qu’apprécie Nolan sont ici totalement intégrés au récit — comme dans tout bon film sur le voyage dans le temps — et non-plus de simples effets de manches créés sur la table de montage.
Du coup Tenet est un putain de bon film d’action, comment peuvent l’être The Dark Night ou Inception, mais n’est pas la grosse claque que l’on pouvait attendre. Tant mieux probablement. Mais ça en fait un Nolan qui ressemble juste à du Nolan déjà vu. D’ailleurs, Tenet pourrait presque être un film de Tony Scott. Et on pourra carrément lui trouver quelques points communs avec son Déjà Vu (justement). Étrangement, Tenet est aussi assez marrant. Par ci, par là, quelques répliques, quelques sons (la crème solaire), ont fait sourire la salle. Quelques plans en marche arrière au début du film aussi peuvent faire rire, pour mieux nous rabaisser notre caquet deux heures plus tard.
Je retiendrais encore le talent de tous les comédiens. Robert Pattinson est excellent, marrant et… beau putain ! Kenneth Branagh est à fond dans son rôle de méchant, et il m’a un peu rappelé Andy Serkis dans Black Panther. John David Washington est impeccable et Elizabeth Debicki convaincante au possible.
Donc allez voir Tenet, ses deux heures trente passent très bien, mais n’espérez pas un chef-d’œuvre, et évitez tant que possible les bandes-annonces bien sûr. Assurez-vous aussi que votre cinéma ait réglé son projecteur pour le diffuser en plein cadre, le format de la version numérique classique (hors IMAX, 70 mm, etc.) étant un peu bâtard (2.20:1). Ma salle la diffusé en petite fenêtre avec du noir tout autour, même en haut et en bas :(((
Et si vous ne connaissez pas Crime Traveller, je vous invite à y jeter un œil. Cette série de la BBC en huit épisodes n’existe qu’en DVD anglais sans VF et sans aucun sous-titre, mais je l’adore.